Un discours plein de sagesse. Le médiateur de la République, Alioune Badara Cissé, face à la presse ce dimanche 07 mars, s’est adressé à la jeunesse sénégalaise, avenir du pays, mais particulièrement au chef de l’Etat, Macky Sall à qui il demande de s’adresser à son peuple qui, sans doute, lui tendra une oreille attentive afin que paix revienne au Sénégal.
Gravité de l’heure….
Ainsi, face à cette situation que vit le Sénégal depuis quelques jours, Alioune Badara Cissé semble comprendre la gravité de l’heure qui exige, d’après lui, “que nous puissions nous arrêter un instant, et réfléchir sur le sort de notre cher pays, comme s’il s’agissait de réfléchir sur celui de l’humanité. Un seul être aurait perdu la vue, toute l’humanité aurait perdu la sienne“.
En effet, depuis l’arrestation du leader de Pastef, Ousmane Sonko, le Sénégal est confronté à des mouvements de foules sans précédant. Pillages, vandalisme, saccage, une image qu’on ne connaissait pas du pays de la “TERANGA”.
A la jeunesse…
“Je n’ai pas reconnu mon pays. Je n’ai pas reconnu mon peuple. Je n’ai pas reconnu la jouvence que nous avons vécu, gambadant, courant, développant nos espoirs. J’ai vu une jeunesse sans espoir, une jeunesse sans envie, une jeunesse déboussolée, une jeunesse qui ne sait plus à quel saint se vouer. Une jeunesse qui traverse les océans sans bouées de sauvetage, une jeunesse qui sert d’alignement aux poissons en haute mer, une jeunesse qui, une fois partie, n’est pas sûre d’arriver à destination, une fois à destination, n’est pas sûre de revenir au bercail…“, a regretté ABC.
A cet effet, il estime que c’est notre responsabilité à nous tous de donner à cette jeunesse, ce talent dont il a besoin pour pouvoir servir le pays à tous les niveaux. Pour Alioune Badara Cissé, il faut qu’on arrête d’avoir un Sénégal à deux vitesses.
“C’était prévisible…“
“Un sénégalais à part entière et un Sénégalais entièrement à part. Ce n’est pas tenable. C’était prévisible qu’il arriverait un moment où le couvercle sauterait. Et si nous y prenons garde, le couvercle va sauter imminemment et aurait eu du mal à le rabattre sur la casserole. Qui serait perdant, chacun d’entre nous. L’on ne nous a pas confié ce pays pour que nous croisions les bras pour voir et observer ce pays aller en déliquescence. L’on nous l’a confié pour que nous puissions proposer des modes et des méthodes alternatifs de gestion, d’amélioration du quotidien de nos concitoyens. Mais de compassion, d’amour et de tendresse“, un objectif dont, avoue-t-il, les autorités se sont écartées.
Ecouter la jeunesse…
A cet effet, il estime qu’il est temps de marquer une pause et d’écouter les jeunes qui, malgré les courses-poursuites, les batailles, les coups de feux, les coups de lacrymogènes, et avec les milices, les coups de bâton, les tortures n’ont pas arrêté leur frénésie. Sur ce, il s’est adressé au Président Macky Sall qui, depuis le début des manifestations, s’est terré dans un silence assourdissant, préférant mettre en avant son ministre de l’Intérieur qui a raté sa copie.
Menaces jihadistes…
“Nous sommes au bord de l’apocalypse“, prévient-il sur la menace terroriste qui pèse au Sénégal. En a-t-il voulu pour preuve des prêcheurs (jihadistes) qui viennent, tous les vendredis de pays voisins avec leurs kalachnikovs et leurs prêches. Leurs cibles, cette jeunesse en manque de repères.
Sur ce, il juge “extrêmement important que nous renoncions à cette ferveur qui semble nous habiter, lorsqu’en des moments comme celui-ci, nous sommes beaucoup plus poussés par la chicote que par l’écoute.” Au Président Macky Sall, il rappelle que le peuple attend sa parole.
Au Président Macky Sall…
“C’est la vôtre que le peuple veut entendre. Ces Sénégalais d’ici, dans tous les coins et recoins de ce pays, (mais aussi de la diaspora) veulent vous entendre. Pourquoi diable ne leur parlerait-on pas ? Nous ne sommes pas meilleurs qu’eux. Ils nous ont confié leur destin. Nous avons l’obligation de rendre compte, non pas seulement en période électorale pour être gracieux avec de larges sourires, avec des embrassades, de larges poignées de mains pour obtenir leurs suffrages“, souligne-t-il.
Avant qu’il ne soit trop tard…
“Mais nous sommes là pour une période régulière, lorsque les secousses font tanguer le navire, que nous puissions redresser la barre et rendre compte. Leur demander un peu plus de calme et de sérénité, un peu plus d’écoute. Oui, la litanie de vos réalisations sont énormes, elle ne finit pas. Mais un seul grain dans la machine pourrait faire dérailler celle-ci. Et nous n’en sommes pas loin. Vous avez cette capacité, moi qui vous ai pratiqué, de pouvoir vous faire entendre et vous faire écouter. Faites-le avant qu’il ne soit trop tard.“